La Loire Atlantique et sa région
Terre d’alliance des eaux douces avec les eaux marines, la Loire-Atlantique reste depuis l’aube des temps le creuset d’une biodiversité d’une étendue richesse, et au cours des siècles les hommes, s’adaptant à l’évolution, se sont mariés à cet univers maritime respectant les paysages côtiers, la faune et la flore. De l’exploitation des marais salants aux pêcheries de la Côte de Jade, les activités ont pris naissance grâce à cette eau nourricière qui a prodigué ses bienfaits à sa population, elle-même faisant preuve d’une ingéniosité pour en jouir.
Nantes et son estuaire
La généreuse hydrographie de la région facilite les échanges et la cité gauloise des Namnètes va naître au confluent de la Sèvre Nantaise et de l’Erdre, au fond de l’estuaire de la Loire, proche d’un noyau d’îlots sablonneux. Là, à cet endroit, aura lieu, pendant 2 000 ans, le mariage du trafic maritime et fluvial. Durant plusieurs siècles, la cité des ducs sera capitale de la Bretagne, après que le chef Barbe-Torte se soit imposé face aux Normands envahisseurs au cours du Xe siècle.
Déambuler dans les rues et ruelles pavées des vieux quartiers médiévaux autour de la cathédrale et du château, où se distinguent les maisons à colombages, doit s’inscrire assurément au programme du visiteur de la ville surnommée la Venise de l’Ouest. La puissance ducale s’exprime aux XIIIe et XIVe siècles par l’édification du château-fort, mémoire vivante de Nantes, construction voulue par François‑II, duc de Bretagne. Tuffeau en son intérieur, granit et schiste composant ses murailles, il fut le témoin des grands moments de l’histoire de Bretagne : les fastes de la cour, le procès de Gilles de Rais en 1440, la naissance d’Anne de Bretagne en 1477, la signature de l’Edit de Nantes par Henri IV le 13 avril 1598 faisant officiellement coexister les religions catholiques et protestantes, l’arrestation de l’intendant des finances Fouquet par d’Artagnan en 1661. Entouré autrefois par la Loire au sud et à l’est, avec son mélange d’architecture militaire et de lucarnes Renaissance, le château aura contribué au renom de la ville.
Maîtresse de la cité, majestueux symbole du défi au temps, la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul édifiée pendant 450 années surprend par sa splendeur et son unité de style. Ce bel exemple de l’architecture gothique flamboyant interpelle le visiteur qui observe la voûte intérieure de plus de 37 m envahie par une luminosité incomparable ; sous ses pas se déroula sans doute le tapis de la cérémonie du mariage de la reine de France, Anne de Bretagne avec Louis XII en 1499.
L’essor du XIXe siècle
Plus tard, la révolution industrielle modifie la physionomie de l’estuaire de la Loire avec l’épopée transatlantique. 1864 voit le lancement du premier paquebot construit à Saint-Nazaire dans les nouvelles infrastructures des chantiers de Penhoët alors que la Compagnie d’Orléans de chemin de fer établit une ligne jusqu’à Nantes dès 1851. A la fin du XIXe siècle, le commerce et l’industrie de l’alimentation est fortement activé par la création des conserveries et des biscuiteries. Le Petit-Beurre LU apparaît sur l’étal du couple de pâtissiers venus de Lorraine, Jean-Romain Lefèvre et Pauline-Isabelle Utile en 1886; il sera plus tard concurrencé par le Petit Breton de la Biscuiterie Nantaise, celle-ci lançant ensuite le fameux BN.
Les ouvriers de Penhoët finissent la construction du paquebot le Normandie en 1932. Le géant de 314 mètres de long est le transatlantique le plus rapide du monde. Trente années plus tard, le 11 mai 1960, un discours honorable est prononcé une nouvelle fois par le chef de l’Etat aux ouvriers de ces mêmes chantiers de Saint-Nazaire à l’occasion de la mise à l’eau du paquebot France : " Chef-d’œuvre de la technique française qui fait hommage à la patrie". Une cave de 60 000 bouteilles fait partie des équipements pour le luxe et le raffinement des passagers du transatlantique et 1 000 hommes d’équipage sont à leur service pour leur confort.
Ces Chantiers de l’Atlantique sont d’ailleurs aujourd’hui reconnus dans le monde entier grâce à la réussite de la construction en deux années du " Queen Mary 2 " baptisé le 8 janvier 2004 et dont le départ de Saint-Nazaire du plus grand paquebot du monde avait ému toute la population locale le 22 décembre 2003. Pour rêver, le promeneur de cette ville-port des géants des mers peut s’offrir une reconstitution unique de la vie à bord au cours des grandes traversées de ces navires mythiques grâce à Escal’Atlantic.
La Brière aux oiseaux
L’un des plus étendus marais de France est situé en Loire-Atlantique. La création du deuxième Parc Naturel Régional de l’ouest, celui de Brière, sera entérinée pour être inauguré en 1970. La sauvegarde des paysages, la protection de la flore et de la faune, et l’instauration d’activités propres à développer l’économie artisanale à travers ces marais répartis sur seize communes, préservent depuis la tourbière d’une urbanisation certaine. Site important d’hivernage pour canards, aigrettes, chevaliers gambette, échassiers, bécasseaux et oies sauvages, ce parc couvrant 40 000 hectares est avant tout un site écologique exceptionnel préservé et entretenu que l’on a plaisir à parcourir dans un décor de calme et de sérénité.
En effet, les marais de Brière sont l’héritage du travail de plusieurs générations de briérons qui y ont puisé leurs moyens d’existence grâce au tourbage, au pacage, à la coupe du chaume, à la pêche et à la chasse. En suivant à bicyclette les chemins traversant les villages de chaumières, il est conseillé de poser le pied au village de Kerhinet. Ou, si vous préférez ; sur le chaland poussé par la perche d’un guide local, laissez-vous glisser au fil de l’eau pour saisir la magie des lieux car ce parc de Brière ne demande qu’à livrer aux visiteurs émerveillés ses secrets de sa palette de couleurs avec le tempérament des ciels de Bretagne.
Les chemins du sel
A l’ouest de la Brière depuis plusieurs millénaires, Guérande poursuit son activité salicole. Celle-ci a assuré sa richesse pour s’offrir ainsi une place de choix dans la production de sel de l’Atlantique. Dans un environnement très préservé, classé "grand site national" les paludiers qui s’y affairent ne sont pas d’un autre âge. Autour d’étranges montagnes de trésors séculaires, ces paysans de la mer aux gestes ancestraux, amples et immuables ont réussi à dompter l’eau du large dans un labyrinthe de fines bosses d’argile. Et c’est grâce à eux si le sel de Guérande a pu reconquérir ses lettres de noblesse. Ce territoire miroir et son sel croquant attirent les artistes de la photographie et séduisent les plus grands de la gastronomie comme les découvreurs amoureux d’un authentique produit confectionné par l’eau et le soleil. Pour découvrir encore mieux ce produit du terroir lié à une histoire humaine et technique, Terre de Sel, la Maison des paludiers et le Musée des marais salants autour de Guérande vous ouvrent leurs portes.
Une des escales
Mais en retrait de l’océan, les charmes de l’intérieur s’étalent à travers les vignobles traversés par quelques affluents de la Loire. La reconstruction de la ville de Clisson en petite Toscane au début du XIXe, après les guerres de Vendée transforme le paysage en tableau classique.
Ruelles escarpées, couleurs chaudes de la brique et de la tuile, ses demeures aux toitures plates arborées de pins parasols évoquent quelque peu l’Italie.
Le château médiéval n’est pas le seul monument de cette cité frôlant la frontière de la Bretagne historique.